Qui va gagner ? Fin 2001, Sony, Nintendo et Microsoft se disputeront simultanément le marché des consoles. La victoire de Sony paraît probable, mais elle n'est pas acquise. Et les lecteurs (et lectrices) de Polygon On Line ont leur mot à dire sur le sujet.
Avis 1 : Cécile Mareau "La PlayStation est une console grand public, ce qui est un avantage et un inconvénient. En effet, elle a permis à beaucoup de personnes de découvrir le monde merveilleux des consoles. Certains n'auraient jamais acheté une console si ce n'avait pas été une grande marque comme Sony. Ce dernier a permis de rendre la console plus accessible et de démontrer aux "non-consoleux" que les jeux vidéo ne sont pas que pour les adolescents attardés (quoique, on peut avoir un doute quand on voit Tomb Raider...). L'inconvénient d'une console telle que la PlayStation ? C'est le profit. Les éditeurs nous sortent des merdes car ils savent qu'il y aura toujours des gens pour les acheter. Les possesseurs de PlayStation sont souvent des néophytes qui ne se renseignent pas avant d'acheter un jeu". Polygon : Certes, mais les daubes ne sont pas l'apanage de la PlayStation (d'excellentes machines comme la N64 ou la Dreamcast ne sont pas non plus épargnées). Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le nombre de softs médiocres est proportionnel au nombre colossal de jeux disponibles depuis que la machine existe (plus de 800 !). Et puis, n'est-il pas plus juste de juger une console en fonction de la quantité de bons jeux qu'elle accueille ? "Et puis, s'il y a tant de PlayStation vendues, c'est souvent pour les jeux de foot ou de voiture, ce qui limite considérablement le choix. On a l'impression qu'il n'y a que ces jeux sur le marché". Polygon : C'est tout à fait vrai, et c'est d'ailleurs l'un des reproches que nous faisions à la PS dans notre article sur les causes et les conséquences de son succès. "Enfin, les RPG se font un peu de place en ce moment avec les Final Fantasy ou encore Suikoden 2". Polygon : C'est l'un des événements les plus réjouissants de ces dernières années : l'explosion de popularité des RPG consoles en occident. Du temps des 16 bits, le pauvre fan de RPG pouvait toujours pleurer pour avoir une traduction française de Final Fantasy 6, Chrono Trigger ou Seiken Densetsu 3... La situation s'est heureusement beaucoup améliorée depuis. Chrono Trigger "Alors que Nintendo et Sega ont gardé leur public. Cela n'empêche pas que sortent des jeux nuls mais ces deux marques étaient là avant et cela leur donne un avantage que Sony n'a pas : la fidélisation". Polygon : Les 75 millions de possesseurs de PlayStation ne sont pas fidèles à Sony ? Mais alors pourquoi la PS2 déclenche-t-elle une pareille hystérie partout dans le monde (voir les pitoyables incidents du Virgin Megastore de Paris) ? Nous pensons, au contraire, que Sony possède maintenant un très large cercle de fidèles que ne peuvent que lui envier Nintendo et surtout Sega. "Il existe un public qui sait que lorsque Castlevania sort, ce n'est pas un nouveau jeu et qu'il existait avant sur d'autres supports. Ce public reste, je crois, fidèle aux premières marques qu'étaient Nintendo et Sega". Polygon : Les Castlevania de Konami ne sont peut-être pas le meilleur exemple, car ils ne sont plus, et depuis longtemps, l'apanage de Nintendo (de très bons volets de la série sont sortis sur PC Engine, Megadrive ou PlayStation). En revanche, il y a beaucoup de fidèles à Mario, Link ou Yoshi, et ces propriétés exclusives sont l'atout décisif de Nintendo. Sans les franchises stars de Nintendo, la N64 ne serait pas allée bien loin. Sega, en comparaison, ne possède pas de personnages ou de séries capables de faire vendre une console -la mort récente de la Dreamcast et l'abandon définitif du hardware par la société en sont la preuve. "D'ailleurs, la Game Boy est là pour nous montrer que le succès dure toujours (surtout pour Nintendo) et qu'une "vieille" console peut encore avoir du succès. Mais alors, QUI VA GAGNER ? Et bien personne, c'est du moins mon avis. Je pense que comme toutes choses ces consoles ont des avantages et des inconvénients qui font qu'elles sont complémentaires et que donc elles n'ont guère d'autre choix que de cohabiter sur le marché". Cécile, qui aime toutes les consoles... Polygon : Il est certain, en effet, que les consoles des constructeurs encore dans la course ont de réelles singularités qui rendent possible leur cohabitation. Il est déjà acquis que toutes ces machines (disons, en tous cas la PS2 et la Gamecube) apporteront beaucoup au monde des jeux vidéo. Mais, commercialement parlant, il y aura bien un vainqueur, et il y a déjà une victime...
Avis 2 : Draikin "Pour moi, il y a fort à parier que Microsoft va certainement conduire Sony à la mort. Sa console risque bien de rapprocher un peu le monde pécéiste et consoleux. Au point de vue performance se sera la meilleure il y a tout à y parier, la mainmise de Microsoft dans le milieu du Hardware est trop importante pour que la machine puisse souffrir d'un quelconque défaut technique. Au niveau marketing 500 millions de dollars engagés, du jamais vu ; même si les techniques marketing de Microsoft vont moins loin que celle de Sony (je fais parler de moi en invitant à bouffer des journalistes qui connaissent rien aux jeux vidéo, je provoque une émeute au Virgin des Champs -dommage qu'il n'y ait pas eu un blessé grave on aurait encore plus parlé de nous)". Polygon : Contrairement à ce qu'a annoncé la presse, ce n'est pas la première fois qu'une société débloque 500 millions de dollars de marketing pour une console : Sega, pour le lancement occidental de sa Dreamcast, avait débloqué exactement la même somme que Microsoft aujourd'hui (avec peu de succès manifestement, au vu du décès prématuré de la machine). Ce qui reste à voir, c'est donc comment Microsoft va dépenser cette somme colossale. Car il va falloir être prodigieusement percutant pour éclipser l'image inaltérable et presque mythique de la PS (que la PS2, machine honteusement chère et sans aucun vrai bon jeu, se vende comme des petits pains est révélateur de la puissance phénoménale de Sony). C'est évident, l'avenir de la X-Box est tributaire de la hype que saura générer Microsoft. Gageons que la société américaine, qui pèse infiniment plus lourd que Sony (365 milliards de dollars !!!), parviendra à s'attirer les faveurs des développeurs, du grand public et des gamers (pour les développeurs, c'est déjà en partie fait). "Microsoft rien qu'avec son rôle d'éditeur surpuissant fera pencher la balance des jeux de son côté avec l'aide des développeurs PC qui verront dans la X-box une possibilité d'enfin se faire des brouzoufs. Le seul point qui pourrait sauver Sony s'appelle SquareSoft mais il se pourrait bien que la machine à Final Fantasy tourne sa veste du côté du profit tout simplement. Sony à terme se retirera du marché (dans 6-7 ans) et Sega survivra (comme d'habitude), pour Nintendo ça dépendra de leur manière d'aborder la fin des Pokemon". Draikin Polygon : Microsoft a un bon paquet d'atouts, surtout depuis que certains développeurs importants ont décidé de laisser de côté la PS2 pour travailler sur la X-Box (à cet égard, l'exemple le plus notoire demeure celui d'Oddworld Inhabitants, qui a annulé le développement du très attendu Munch's Oddysee sur PS2 pour le transférer sur X-Box). Munch's Oddysee Cependant, il paraît assez peu probable que Sony aille jusqu'à s'évanouir du marché : la PS2 représente aujourd'hui un enjeu immense pour la société japonaise (la PS est à l'origine de plus de la moitié de ses profits), donc il ne faut pas s'attendre à voir Sony lâcher aussi facilement sa suprématie. Sega survivra certes, mais sous une autre forme puisque la société s'est récemment reconvertie dans le software (une minute de silence en l'honneur de cette superbe console qu'a été la Dreamcast : ... Bouh snif !). Enfin, Nintendo devrait être préservé de tout ralentissement des Pokémon : ses quelque trente milliards de francs de trésor de guerre, sa Game Boy Color, sa Game Boy Advance et ses nombreuses franchises à dollars constituent une très solide assurance-vie. Et puis la Gamecube ne se présente pas trop mal, hein ?!
Avis 3 : Antoine Vaast "Certes, les caractéristiques techniques de la X-Box sont impressionnantes, et la puissance marketing de Microsoft surpasse celle de Sony, mais où sont les jeux ? La console n'innove en rien par rapport aux concurrentes (voir le Pad) et les premiers titres annoncés ne sont pas renversants. Pire : le temps va jouer contre la X-box. Quand elle sortira, la PS2 aura un parc de machines installées énorme, et les killer-apps (comme le nouveau Gran Turismo !) seront sorties. Le grand public aura déjà été conquis par Sony (d'autant que la X-Box ne permet pas la lecture de DVD vidéo en standard). Le seul moyen pour cette console de devenir leader est d'avoir des hits exclusifs X-box. Sony l'avait très bien compris en signant un contrat d'exclusivité avec Square. Là encore l'affaire n'est pas gagnée pour Microsoft, et cela pour plusieurs raisons : - Comme l'a dit un développeur sur le site "hardcore-gamers", le problème de la X-Box est qu'elle doit non seulement lutter contre les autres consoles, mais également contre le PC. Le fait que la X-Box et le PC soient cousins signifient qu'un jeu fait pour l'un peut généralement être facilement porté sur l'autre, ce qui n'est pas le cas quand on adapte des jeux PC sur PlayStation 2 et Gamecube, ou inversement. Aussi, il est difficile d'imaginer que le développeur d'un jeu X-Box ne veuille pas en faire une version PC pour gagner de l'argent grâce à l'énorme base installée d'utilisateurs. Ainsi, peu de joueurs PC auront de raisons d'acheter une X-Box, contrairement aux autres consoles qui auront à coup sûr des jeux exclusifs. - Les japonais sont en position d'attente face à la X-box (quel est son positionnement ?). Or, sans le soutien des sociétés japonaises, la console n'a que peu d'espoir de survie... En résumé, je dirais que cette console est puissante, et la puissance marketing de Microsoft énorme, mais le marché sera saturé à sa sortie. Seule solution pour Microsoft : sortir des jeux inventifs (comme ceux de Rare ou Nintendo) et signer des contrats d'exclusivité (avec Square, par exemple). Si un jeu aussi brillant que Zelda ou aussi "fédérateur" que Final Fantasy sort sur X-box, alors la donne peut changer..." Polygon : Nous n'avons rien à ajouter à cette opinion solide comme un roc. Comme quoi, personne ne peut vraiment être sûr de qui va gagner dans cette histoire. On en reparle dans deux ans ? Réponses écrites par Pierre Gaultier. Vous voulez réagir à cet article ? Contactez-nous : vos critiques, vos apports, vos réflexions nous intéressent au plus haut point ! Précisez le nom de l'article dans le titre de votre mail. |
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